12 juin 2023

KEEP OF KALESSIN « Reptilian »


Nota bene : chronique publiée à l’origine dans le fanzine n° 25 d’ODYMETAL.


Après huit années d'attente, KEEP OF KALESSIN revient en 2023 avec son septième album « Katharsis ». Effectuons un bond dans le passé pour découvrir (ou redécouvrir) son cinquième album « Reptilian » sorti en 2010.


KEEP OF KALESSIN
« Reptilian »
Cd 8 titres (57’00’’)
Black Metal Epique / Heavy Thrash – Norvège - sorti le 14.10.2010
INDIE RECORDINGS
pochette KEEP OF KALESSIN reptilian 2010
Lisibilité du livret 12 pages avec photos : très bonne.


En 2008, KEEP OF KALESSIN avait divisé l’opinion avec « Kolossus », son quatrième album. Son black metal était encore plus épique, davantage sophistiqué et renfermant plus d’arrangements tout en incorporant des influences thrash davantage palpables. Les claviers commençaient à s’inviter certes de manière plus importante tout en restant raisonnable dans l’édifice. Mais ce n’était pas tout. Souvenez-vous de « The Rising Sign » où la tempête s’est dissipée afin de laisser la place à un imposant cœur mélancolique, subtil et mélodique mené par un piano en première ligne. Remémorez-vous l’impitoyable « Kolossus » mettant en scène une grosse accalmie avec des percussions (déjà présentes au début du morceau) et sa petite touche acoustique orientale. Et rappelez-vous de l’étonnant « The Mark Of Power » que l’on peut assimiler à une power ballade (oui, vous avez bien lu!) à la fois douce et musclée, délicate et violente. Autant dire que KEEP OF KALESSIN avait pris de gros risques avec « Kolossus », une belle réussite à mon sens, en cherchant à s’aventurer hors des sentiers battus quitte à dérouter une partie de son public. En 2010, le quatuor norvégien continue à surprendre tout au long de son cinquième album, « Reptilian », tout en poursuivant la transformation amorcée sur « Kolossus ». Les avis envers le travail de KEEP OF KALESSIN ont, sont et seront encore très partagés mais ne laisseront certainement pas indifférent.

L’édifice repose comme à l’accoutumée sur la base black metal et épique, les morceaux sont toujours sophistiqués, intenses, pertinents, dotés d’ambiances travaillées et incluant des mélodies. Autant d’éléments correspondant à la griffe que l’on doit au guitariste Obsidian C, leader du groupe et principal auteur de toute la musique (sauf un morceau co écrit ici avec Vyl). D’un autre côté, les apports thrash et même heavy thrash occupent une place grandissante avec le temps et sont désormais bien ancrés dans l’édifice. De ce fait, l’album se révèle dans un sens plus accessible et mélodieux pour les non-initiés. Cependant, il ne faut pas oublier que la furie black des norvégiens n’est pas éteinte pour autant. Le quatuor est toujours capable de déchaîner sa colère. Le bassiste Wizziac et le batteur Vyl s’en donnent à cœur joie dans les nombreuses poussées d’adrénaline disséminées tout au long de l’album. De son côté, Thebon reste fidèle à lui-même avec cette voix bien modulée afin de s’adapter pertinemment à la diversité d’ambiances. D’autre part, un instrument se révèle plus présent que par le passé, il s’agit des claviers que Obsidian C a en charge.

D’entrée de jeu, « Dragon Iconography » certes énergique dont l’ombre heavy thrash ressort évidemment, les claviers entrent en scène dès son introduction et sa longue conclusion. Pour le reste, les surprises sont aussi de mise. Effectivement, comment ne pas être étonné par ces chœurs clairs et presque lyriques qui se manifestent sur « The Awakening » (en son centre et vers la fin). Une fois lancé, que dire du virulent et tempétueux « Judgement » dont la furie dégagée se dissipera en son cœur pour nous emmener vers un domaine plus mélodieux limite heavy metal. Une tuerie dévastatrice qui cache bien son jeu. Par l’intermédiaire de «The Dragon Tower », plus sage, possédant un solo et bercé par le heavy metal, qui se serait douté que KEEP OF KALESSIN puisse écrire un morceau aux allures de single ?

En ce qui concerne « Leaving The Mortal Flesh », l’énergie déployée ne vous laissera pas le temps de souffler. La même remarque est aussi valable pour « The Divine Land » qui de son côté utilise par ailleurs des vocaux clairs et quelques chœurs, le tout avec encore plus de frénésie et en alignant des envolées davantage épiques.

Positionné entre les deux morceaux vitaminés mentionnés ci-avant, vous trouverez le très posé « Dark As Moonless Night » dans une veine power ballade incluant aussi des vocalises claires.

Pour finir l’album, place désormais à l’imposant « Reptilian Majesty » qui, du haut de ses quatorze minutes et des poussières tout de même, ne se démarque non pas par sa conséquente longueur mais par la copieuse surprise qu’il renferme. En effet, une fois lancé, c’est en apparence une explosion volcanique incontrôlable et impitoyable de black qui vous attend. C’est sans compter sur la consistante accalmie centrale très téméraire. Elle démarre doucement avec une voix et des claviers. Puis c’est une très longue et lente ascension crescendo qui fera intervenir un solo mélodique, des déluges délicats de notes, des arrangements, des chœurs lyriques pour aboutir à une ambiance d’inspiration symphonique. C’est comme si les norvégiens voulaient retranscrire en musique l’éveil du dragon de la pochette. Le résultat est tellement saisissant qu’on en oublierait que c’est un groupe de black metal épqiue. Effet de surprise garanti pour une composition qui, finalement, s’endormira paisiblement. Une nouvelle fois, la démarche de KEEP OF KALESSIN ne laissera pas de marbre.

Incontestablement, le quatuor prend des risques, ce qui ne sera pas au goût de tout le monde, surtout que le résultat est encore une belle réussite. Le présent « Reptilian » a sa propre identité et mérite le détour, ce qui fût déjà le cas de « Armada » (2006) et de « Kolossus » (2008). Aussi, je vous conseille vivement ces trois albums.

Maintenant, en ce qui concerne l’avenir, qui sait ce que nous réserve KEEP OF KALESSIN ? Toujours est-il que le quatuor n’a sans doute pas fini de nous surprendre. Un fait est indéniable : KEEP OF KALESSIN a de l’ambition. Le quatuor nous démontre qu’il est un habile caméléon que rien ne semble pouvoir arrêter et se montre à l’aise dans les nouveaux domaines qu’il explore.

A mon niveau, « Reptilian » restera comme l’un des trois meilleurs albums de l’année 2010 !
Eagle / ODYMETAL / 31.12.2010.


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