7 juin 2023

KEEP OF KALESSIN « Kolossus »


Nota bene : chronique publiée à l’origine dans le fanzine n° 25 d’ODYMETAL.


Après huit années d'attente, KEEP OF KALESSIN revient en 2023 avec son septième album « Katharsis ». Effectuons un bond dans le passé pour découvrir (ou redécouvrir) son quatrième album « Kolossus » sorti en 2008.


KEEP OF KALESSIN
« Kolossus »
Cd 9 titres (54’25’’) + DVD (48’20’’)
Black Metal Epique – Norvège – sorti le 06.06.2008
INDIE RECORDINGS
DIGIPACK. Lisibilité du livret 12 pages avec photos : excellente.

Dans le métal, beaucoup d’albums sortent chaque mois et on peut les résumer par différents avis : plutôt anodin, laisse indifférent, sympathique mais sans plus. D’autres vous marquent sur le moment mais l’intérêt peut soit s’estomper soit demeuré et même s’accroître au fur et à mesure des écoutes.

On peut continuer ainsi longtemps cette classification mais j’arrête cette énumération par une dernière catégorie, celle des albums qui ne révèlent leurs véritables valeurs qu’au fil des écoutes. Ou si vous préférez, les albums qui se bonifient avec le temps tels les grands crus, ce qui est justement le cas de « Kolossus », le quatrième album de KEEP OF KALESSIN dont le line-up est composé de 4 personnes : le guitariste et leader Obsidian C., Thebon au chant, Wizziac à la basse et Vyl à la batterie et aux percussions. J’ai découvert ce groupe via « Armada », album que j’avais placé dans mon top 3 de l’année 2006 (aux côtés de STRAPPING YOUNG LAD « The New Black » et SOLEFALD « Black For Death. An Icelandic Odyssey Part II », un beau et majestueux trio gagnant vous ne trouvez pas ?).

On peut mentionner de ce dernier des morceaux forts tels que l’imposant « Crown Of The Kings », mon préféré « The Uncharted » dont l’étonnante et grosse accalmie centrale était un petit avant goût de « Kolossus », le très efficace « Into The Fire » ou encore l’imparable « Armada » avec ses guitares biens mélodiques. Passé la douce introduction « Origin » où la guitare acoustique est bien présente, le quatuor norvégien poursuit à travers « Kolossus » ce qu’il a entamé hier sur « Armada », à savoir un black metal aux ambiances travaillées, sachant se montrer intense et mélodique (« Escape The Union » par exemple).

L’ensemble se révèle aussi plus épique (« Against The Gods ») et sophistiqué avec davantage d’arrangements au rendez-vous, moins directs, incorporant par ailleurs des influences thrash davantage palpables (comme à travers « A New Empire’s Birth »).

Le chant de Thebon, toujours aussi impressionnant, est bien modulé pour s’adapter pertinemment à la diversité d’ambiances. Certaines démarches déroutent incontestablement à travers ce « Kolossus ». On peut signaler au passage la participation de claviers que l’on doit à un musicien additionnel Håkon-Marius Pettersen, pas en permanence et généralement discrets, qui viennent se mêler à l’ensemble. De plus, on ne remarque pas toujours rapidement la présence de cet instrument sur cet album. Mais les véritables surprises arrivent avec ce qui suit.

Comment ne pas être étonné par «The Rising Sign » où la tempête se dissipera pour laisser la place à un imposant cœur mélancolique, subtil et mélodique avec un piano qui occupe la première ligne.

Une fois lancé, l’impitoyable « Kolossus » vous surprendra par sa grosse accalmie avec ses percussions (déjà présentes au début du morceau) et sa petite touche acoustique orientale. Avec ces deux derniers exemples, vous pouvez constater que les arrangements apportent ici une couleur cinéma-tographique à l’ensemble.

L’apogée de cette audace est atteinte par l’intermédiaire de l’étonnant « The Mark Of Power » qui est en quelque sorte une power ballade (oui, vous avez bien lu!) à la fois douce et musclée, délicate et violente. Autant dire qu’au regard du style pratiqué, elle ne sera certainement pas au goût de tout le monde. Au contraire, dans le genre direct vous avez « Warmonger » et « Ascendant » tous deux dotés d’un solo et imprégnés d’approches heavy thrash.

Quant à la version digipack limitée de « Kolossus », elle renferme un DVD dépassant les 45 minutes. Vous y avez un making of (« The Making Of Kolossus »), des interviews entrecoupées d’images de concerts et d’à côtés (« Into The Keep »), une sorte de bande annonce de « Kolossus » (« Kolossus Teaser »), et pour terminer une version live de « Come Damnation» enregistrée à Paris en 2006 (« Come Damnation. Live In Paris 2006 »), film amateur à partir d’une table de mixage surplombant la scène et la salle à titre d’archive.

Que retenir de « Kolossus » ? KEEP OF KALESSIN ne se repose pas sur ses lauriers mais cherche à s’aventurer hors des sentiers battus, en prenant de gros risques (que feront-ils à l’avenir ?) quitte à dérouter une partie de son public.

Il est indéniable que le groupe n’a pas peur d’expérimenter quand on voit le résultat, une initiative plus que courageuse. Même si cet album est sorti en 2008, il n’est pas jamais trop tard pour s’intéresser à un excellent album qui est mon disque de chevet depuis quelques mois.

KEEP OF KALESSIN est vraiment un groupe impressionnant et à part de la scène métal. Après « Armada », on a encore une belle réussite de la part des norvégiens qui méritent réellement votre attention.
Eagle / ODYMETAL / 26.07.2009.




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