14 septembre 2015

KEEP OF KALESSIN « Epistemology »



KEEP OF KALESSIN
« Epistemology »
Cd 10 titres (56’12’’)
INDIE RECORDINGS
Epic Heavy Black Thrash Metal – Norvège – disponible
DIGIPACK 3 volets. Lisibilité du livret 12 pages avec photo : très bonne.
 
COUP DE COEUR pour
un des albums de l'année 2015.
One of the albums of the year 2015.
Uno degli album dell'anno 2015.

En 2006, KEEP OF KALESSIN avait marqué les esprits grâce à son black epic metal tout au long de son troisième album l’invincible « Armada », une référence dans le genre et une découverte en ce qui me concerne. Pour ce dernier, voici trois bonnes raisons de vous le procurer : le dévastateur et impitoyable « Crown Of The Kings », le morceau éponyme aux lignes bien mélodiques sans oublier mon préféré « The Black Uncharted » avec son éblouissant cœur acoustique hispanisant. Son successeur « Kolossus », paru en 2008, ne révéla sa véritable valeur qu’au fil du temps en proposant des expérimentations qui n’étaient pas au goût de tout le monde à l’instar de la longue phase au piano de « The Rising Sign  » mais surtout de l’improbable power ballade réussie « The Mark Of Power ». En 2010, « Reptilian », entre un « The Dragontower » aux allures de single, ou encore la lente montée en puissance mélodique aux arrangements multiples associés aux chœurs lyriques à tendance symphonique de la consistante accalmie centrale de « Reptilian Majesty », les démarches provoquèrent des avis bien divergents. Le groupe, ne cherchant pas à se répéter et encore moins à stagner, évolue au fur et à mesure de son expérience en réussissant la donne à chaque fois quitte à déstabiliser une partie de son public. Une démarche courageuse qui mérite d’être soulignée. Bien évidemment, je vous conseille ces trois efforts studios. Néanmoins, hormis la réédition du EP « Reclaim » en 2011 sorti originellement en 2003 (nouvelle pochette arborant le logo actuel, livret remanié, ajout de deux morceaux live de l’époque), la formation demeura bien discrète depuis 2010. Finalement, au bout de cinq années, KEEP OF KALESSIN marque véritablement son grand retour en 2015.


Pour ce sixième album « Epistemology » tant attendu à titre personnel, la division sera de nouveau au rendez-vous. Mais surtout, il y a un important changement que je n’aurai même pas envisagé. En effet, depuis « Armada », le line up était composé de son leader Obsidian Claw à la guitare et aux claviers, de Vyl à à la batterie, de Wizziac à la basse, et de Thebon au chant. Ce dernier, un atout pour la formation l’a quitté depuis la sortie de « Reptilian ». Grosse surprise car le line up me semblait inébranlable. Désormais, Obsidian Claw se tient aussi derrière le micro, charge délicate car il est toujours difficile de remplacer un chanteur. Une question survient alors : quel est l’impact sur KEEP OF KALESSIN de ce drastique changement ? Musicalement, l’épic black heavy thrash metal est toujours au rendez-vous, on peut même dire que le trio a mangé du dragon tout au long de l’album tout en apportant un aspect davantage mélodique complété par des leads et quelques solos. En ce qui concerne le chant d’Obsidian Claw, il s’inscrit dans un registre thrash black. Et survient la véritable grande surprise, il utilise régulièrement des vocalises claires et lors des refrains, elles peuvent être accompagnées de chœurs. Oui, le chant clair occupe une grande place sur ce nouvel album, contribuant simultanément et indéniablement à la genèse d’une autre couleur à la musique de KEEP OF KALESSIN. Et le résultat s’avère solide, ce qui n’était pas forcément gagné. En d’autres termes, nouvelle prise de risque réussie pour un groupe qui ne se repose pas sur ses lauriers pour notre plus grand bonheur.



Abordons désormais cet album dans le détail. La version standard (boîtier cristal) propose une petite introduction et 7 morceaux. Hormis « Universal Core » et « Introspection », les cinq autres compositions dépassent les 7 minutes. Le court instrumental « Cosmic Revelation » ouvre la marche et introduit « The Spiritual Relief » approchant les dix minutes. Tempos effrénés, envolées mélodiques, ralentissement important pour la grosse partie centrale comprenant un solo et l’intervention d’un piano menant la danse, redémarrage sur les chapeaux de roue, voix narrative plutôt grave et chant uniquement clair, tel est le copieux menu de cette pièce imposante à la fois violente et délicate. Le ton de la nouvelle orientation empruntée par les norvégiens est donné avec « The Spiritual Relief ». Le trio ne ménage pas ses efforts et nous offre d’entrée de jeu rien de moins qu’un des sommets de l’album.

Place à « Dark Divinity » où le trio sort les griffes pour du trash black sans concessions à priori. En effet, un dépaysement total survient lors de la longue partie centrale devenant plus mélodique. Une fois lancé, le bouillonnant « The Grand Design » ne s’autorise aucun temps mort et ne relâchera la pression qu’à la fin. En outre, de par son côté épileptique, celui-ci doit être délicat à interpréter. Fort d’une petite touche orientale, l’efficace « Necropolis » ralentit un peu la cadence et expose une seconde moitié dense, totalement dépourvue de vocalises et présentant des averses de notes. De son côté, affichant à peine quatre minutes au compteur, la plus courte composition du lot « Universal Core » s’assimile à un véritable typhon incontrôlable.

Arrive désormais « Introspection » méritant un peu d’attention. Tout d’abord, celui-ci donna son patronyme à un single 3 titres en 2013 au format 45 tours. Peu de temps avant la sortie de ce nouvel effort studio, j’ai découvert l’existence de ce dernier ainsi que la vidéo officielle de « Introspection ». C’est en la visionnant que j’ai pu constater que KEEP OF KALESSIN officiait désormais sous la forme du trio actuel. Démarrant doucement en compagnie d’un clavier, « Introspection » annonça la mutation en cours dès le riff d’inspiration heavy metal avec du chant clair apparaissant lors du refrain ainsi qu’un solo. Une interrogation se posa à ce moment précis : cette évolution sera-t-elle pertinente sur un album entier ? La réponse, vous la connaissez déjà car c’est un grand oui !

Fermant la marche, l’audacieux « Epistemology » ne manque pas d’intérêt ni de surprise du haut de ses neuf minutes et demi passées. Déchaîné au premier abord, le chant s’estompera rapidement et vers les 2’40’’, place à une immense épopée instrumentale. Démarrant de manière délicate et atmosphérique, elle est une lente montée en puissance avec une petite touche orientale, un solo dont Obsidian Claw expose à nouveau sa maîtrise instrumentale et une mélodie entêtante avant l’arrivée de chœurs majestueux. Dommage toutefois que ce morceau s’endorme doucement et si rapidement, il aurait mérité une conclusion alternative ainsi que d’être prolongé mais ce n’est que mon avis. Cela n’entache en rien sa force de frappe ni le fait que c’est à mon sens un remarquable point final à ce nouvel effort studio. Au passage, rappelez-vous des compositions de bravoure « Agnen »  et « Reptilian Majesty » respectivement issues des albums « Agnen - A Journey Through The Dark » remontant à 1999 et de « Reptilian » en 2010. La structure du premier voit les vocaux intervenir surtout lors des trois premières minutes avant une très longue phase quasi instrumentale. Quant au second, son implacable puissance de feu dissimule en réalité un travail d’orfèvre des plus aventureux comme cela a été évoqué au début. Aussi, en 2015, le morceau éponyme « Epistemology » m’apparaît en quelque sorte comme un clin d’œil et un lien entre ces deux grosses pièces du répertoire des norvégiens.

Intéressons-nous désormais à la présente édition limitée digipack. Tout d’abord, vous avez un patch avec le logo actuel du groupe ainsi que le nom du nouvel album. Ensuite, en complément, cette version propose deux compositions supplémentaires. Celles-ci s’avèrent bien colériques. Tout d’abord, « Anima Mundi » utilisera quelques vocalises en latin. Ensuite, « Novae Ruptis » mettra en scène une voix claire au timbre différent. Néanmoins, ces deux morceaux nous laissent un peu sur notre faim car ils sont très expéditifs avec une durée totale pour les deux approchant les quatre minutes seulement.

Terminons par une petite information à l’intention des collectionneurs et des amateurs de grandes galettes. Comme bon nombre de sorties aujourd’hui, cet album débarque également au format vinyle, double en l’occurrence de couleur noire ou transparente. Personnellement, mon choix porte sur le second coloris de par son originalité. Dans les deux cas, la version 2 LP reprend la tracklist de l’édition normale boîtier cristal à savoir 8 morceaux.

Vous l’avez compris, j’apprécie beaucoup KEEP OF KALESSIN ainsi que cet album aussi je n’hésite pas à inscrire « Epistemology » parmi les sorties majeures de 2015. 

Morceaux préférés : « The Spiritual Relief », « Dark Divinity », « Necropolis », « Introspection » et « Epistemology ».
Eagle / ODYMETAL / 06.09.2015.


 

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