« Epistemology »
Cd 10 titres (56’12’’)
INDIE RECORDINGS
Epic Heavy Black Thrash Metal – Norvège – disponible
DIGIPACK 3 volets.
Lisibilité du livret 12 pages avec photo : très bonne.
COUP DE COEUR pour
un des albums de l'année 2015.
un des albums de l'année 2015.
One
of the albums of the year 2015.
Uno degli album dell'anno 2015.
En 2006, KEEP OF KALESSIN avait marqué les
esprits grâce à son black epic metal tout au long de son troisième album
l’invincible « Armada », une référence dans le genre et une découverte en
ce qui me concerne. Pour ce dernier, voici trois bonnes raisons de vous le
procurer : le dévastateur et impitoyable « Crown Of The Kings »,
le morceau éponyme aux lignes bien mélodiques sans oublier mon préféré « The
Black Uncharted » avec son éblouissant cœur acoustique hispanisant. Son
successeur « Kolossus », paru en 2008, ne révéla sa véritable valeur qu’au
fil du temps en proposant des expérimentations qui n’étaient pas au goût de
tout le monde à l’instar de la longue phase au piano de « The Rising Sign
» mais surtout de l’improbable power ballade réussie « The Mark
Of Power ». En 2010, « Reptilian », entre un « The Dragontower » aux
allures de single, ou encore la lente montée en puissance mélodique aux
arrangements multiples associés aux chœurs lyriques à tendance symphonique de
la consistante accalmie centrale de « Reptilian Majesty », les démarches
provoquèrent des avis bien divergents. Le groupe, ne cherchant pas à se répéter
et encore moins à stagner, évolue au fur et à mesure de son expérience en
réussissant la donne à chaque fois quitte à déstabiliser une partie de son
public. Une démarche courageuse qui mérite d’être soulignée. Bien évidemment,
je vous conseille ces trois efforts studios. Néanmoins, hormis la réédition du
EP « Reclaim » en 2011 sorti originellement en 2003 (nouvelle pochette
arborant le logo actuel, livret remanié, ajout de deux morceaux live de
l’époque), la formation demeura bien discrète depuis 2010. Finalement, au bout
de cinq années, KEEP OF KALESSIN marque véritablement son grand retour en 2015.
Pour ce sixième album « Epistemology
» tant attendu à titre personnel, la division sera de nouveau au
rendez-vous. Mais surtout, il y a un important changement que je n’aurai même
pas envisagé. En effet, depuis « Armada », le line up était composé de son
leader Obsidian Claw à la guitare et aux claviers, de Vyl à à la batterie, de
Wizziac à la basse, et de Thebon au chant. Ce dernier, un atout pour la
formation l’a quitté depuis la sortie de « Reptilian ». Grosse
surprise car le line up me semblait inébranlable. Désormais, Obsidian Claw se
tient aussi derrière le micro, charge délicate car il est toujours difficile de
remplacer un chanteur. Une question survient alors : quel est l’impact sur
KEEP OF KALESSIN de ce drastique changement ? Musicalement, l’épic black
heavy thrash metal est toujours au rendez-vous, on peut même dire que le trio a
mangé du dragon tout au long de l’album tout en apportant un aspect davantage
mélodique complété par des leads et quelques solos. En ce qui concerne le chant
d’Obsidian Claw, il s’inscrit dans un registre thrash black. Et survient la
véritable grande surprise, il utilise régulièrement des vocalises claires et
lors des refrains, elles peuvent être accompagnées de chœurs. Oui, le chant
clair occupe une grande place sur ce nouvel album, contribuant
simultanément et indéniablement à la genèse d’une autre couleur à la musique de
KEEP OF KALESSIN. Et le résultat s’avère solide, ce qui n’était pas forcément
gagné. En d’autres termes, nouvelle prise de risque réussie pour un groupe qui
ne se repose pas sur ses lauriers pour notre plus grand bonheur.
Abordons désormais cet album dans le détail. La
version standard (boîtier cristal) propose une petite introduction et 7
morceaux. Hormis « Universal Core » et « Introspection », les
cinq autres compositions dépassent les 7 minutes. Le court instrumental «
Cosmic Revelation » ouvre la marche et introduit « The Spiritual Relief »
approchant les dix minutes. Tempos effrénés, envolées mélodiques,
ralentissement important pour la grosse partie centrale comprenant un solo et
l’intervention d’un piano menant la danse, redémarrage sur les chapeaux de
roue, voix narrative plutôt grave et chant uniquement clair, tel est le copieux
menu de cette pièce imposante à la fois violente et délicate. Le ton de la
nouvelle orientation empruntée par les norvégiens est donné avec « The
Spiritual Relief ». Le trio ne ménage pas ses efforts et nous offre d’entrée de
jeu rien de moins qu’un des sommets de l’album.
Place à « Dark Divinity » où le trio sort les
griffes pour du trash black sans concessions à priori. En effet, un dépaysement
total survient lors de la longue partie centrale devenant plus mélodique. Une
fois lancé, le bouillonnant « The Grand Design » ne s’autorise aucun temps
mort et ne relâchera la pression qu’à la fin. En outre, de par son côté
épileptique, celui-ci doit être délicat à interpréter. Fort d’une petite touche
orientale, l’efficace « Necropolis » ralentit un peu la cadence et expose une seconde
moitié dense, totalement dépourvue de vocalises et présentant des averses de
notes. De son côté, affichant à peine quatre minutes au compteur, la plus
courte composition du lot « Universal Core » s’assimile à un véritable typhon
incontrôlable.
Arrive désormais « Introspection » méritant un peu
d’attention. Tout d’abord, celui-ci donna son patronyme à un single 3 titres en
2013 au format 45 tours. Peu de temps avant la sortie de ce nouvel effort
studio, j’ai découvert l’existence de ce dernier ainsi que la vidéo officielle
de « Introspection ». C’est en la visionnant que j’ai pu constater que
KEEP OF KALESSIN officiait désormais sous la forme du trio actuel. Démarrant
doucement en compagnie d’un clavier, « Introspection » annonça la
mutation en cours dès le riff d’inspiration heavy metal avec du chant clair
apparaissant lors du refrain ainsi qu’un solo. Une interrogation se posa à ce
moment précis : cette évolution sera-t-elle pertinente sur un album
entier ? La réponse, vous la connaissez déjà car c’est un grand
oui !
Fermant la marche, l’audacieux « Epistemology »
ne manque pas d’intérêt ni de surprise du haut de ses neuf minutes et demi
passées. Déchaîné au premier abord, le chant s’estompera rapidement et vers les
2’40’’, place à une immense épopée instrumentale. Démarrant de manière délicate
et atmosphérique, elle est une lente montée en puissance avec une petite touche
orientale, un solo dont Obsidian Claw expose à nouveau sa maîtrise
instrumentale et une mélodie entêtante avant l’arrivée de chœurs majestueux.
Dommage toutefois que ce morceau s’endorme doucement et si rapidement, il
aurait mérité une conclusion alternative ainsi que d’être prolongé mais ce
n’est que mon avis. Cela n’entache en rien sa force de frappe ni le fait que
c’est à mon sens un remarquable point final à ce nouvel effort studio. Au passage, rappelez-vous des compositions de
bravoure « Agnen » et « Reptilian Majesty » respectivement issues
des albums « Agnen - A Journey Through The Dark » remontant à 1999 et
de « Reptilian » en 2010. La structure du premier voit les vocaux
intervenir surtout lors des trois premières minutes avant une très longue phase
quasi instrumentale. Quant au second, son implacable puissance de feu dissimule
en réalité un travail d’orfèvre des plus aventureux comme cela a été évoqué au
début. Aussi, en 2015, le morceau éponyme « Epistemology » m’apparaît
en quelque sorte comme un clin d’œil et un lien entre ces deux grosses pièces
du répertoire des norvégiens.
Intéressons-nous désormais à la présente
édition limitée digipack. Tout d’abord, vous avez un patch avec le logo actuel
du groupe ainsi que le nom du nouvel album. Ensuite, en complément, cette
version propose deux compositions supplémentaires. Celles-ci s’avèrent bien
colériques. Tout d’abord, « Anima Mundi » utilisera quelques vocalises en
latin. Ensuite, « Novae Ruptis » mettra en scène une voix claire au timbre
différent. Néanmoins, ces deux morceaux nous laissent un peu sur notre faim car
ils sont très expéditifs avec une durée totale pour les deux approchant les
quatre minutes seulement.
Terminons par une petite information à
l’intention des collectionneurs et des amateurs de grandes galettes. Comme bon
nombre de sorties aujourd’hui, cet album débarque également au format vinyle,
double en l’occurrence de couleur noire ou transparente. Personnellement, mon
choix porte sur le second coloris de par son originalité. Dans les deux cas, la
version 2 LP reprend la tracklist de l’édition normale boîtier cristal à savoir
8 morceaux.
Vous l’avez compris, j’apprécie beaucoup KEEP
OF KALESSIN ainsi que cet album aussi je n’hésite pas à inscrire
« Epistemology » parmi les sorties majeures de 2015.
Morceaux préférés : « The Spiritual Relief
», « Dark Divinity », « Necropolis », « Introspection » et
« Epistemology ».
Eagle / ODYMETAL / 06.09.2015.
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