Interview de KRACK
par MONKEYMETAL aka Troll / ODYMETAL
le 15 décembre 2024.
Réponses de Léo Amar (chanteur et compositeur).
Photo 1 fournie par M & O MUSIC / M & O OFFICE
Photos 2 à 4 et photo cd « Bakounine » fournies par Léo Amar.
Quand et comment es-tu venu à écouter de la musique et avec quels groupes ou artistes cela s’est-il fait ?
Dès mon plus jeune âge, j’ai été plongé dans la musique grâce à mes parents qui étaient de vrais soixante-huitards. Ils avaient une superbe collection de vinyles, et l’un de mes premiers chocs a été l’album « Trogglodynamite » (1967) de The Troggs. Rapidement, j’ai aussi découvert « L.A. Woman » des Doors, Creedence Clearwater Revival, The Yardbirds, Janis Joplin… Chez nous, tout sonnait comme un mix de rock psyché avec également un peu de chanson française (Brel…).
De plus, du côté maternel, qui venait d’Algérie, on écoutait des musiques méditerranéennes avec des artistes comme Amália Rodrigues et Slimane Azem, ce qui m’a offert une palette plus large, plus intime. Vivant à Aix-Marseille, j’ai été très rapidement attiré par le rap national – IAM, NTM, la FF – puis des groupes plus radicaux comme 2Bal 2Neg et la poésie sombre d’Oxmo Puccino.
C’est plus tard, fin des années 90, peu avant de partir vivre aux États-Unis pour jouer au basket, qu’un cousin m’a initié au métal avec Sepultura (« Roots »). J’ai plongé ensuite dans l’univers de groupes comme Korn, Slayer, Manson, tout en restant attaché à la scène rap, cette fois ci new-yorkaise (Wu-Tang, EPMD, Nas). Plus tard, en affirmant ma bisexualité, je suis sorti dans des soirées électro, me laissant happer par l’acid, la dark electro… Enfin, mes voyages professionnels en Afrique subsaharienne, et ma compagne étant en plus originaire de cette région, m’ont poussé vers le reggae africain et la scène nigériane, soulignant à quel point la musique est universelle et nourrit toutes les expériences de vie.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique et pourquoi s’être orienté dans un registre Fusion Trap Métal ?
Il y a deux aspects dans votre question. D’abord, ce qui m’a donné envie de faire de la musique : mon désir de créer remonte à l’adolescence, une période où mes premiers troubles psychiatriques sont apparus. J’ai alors trouvé dans la musique une forme de thérapie. J’ai commencé par le rap, puis je me suis ouvert plus tard au métal, et même au reggae lorsque je vivais en Afrique. L’expression artistique est au cœur de ma vie, c’est ma manière de transformer une émotion intérieure en une création tangible. Qu’il s’agisse d’écrire, de chanter, de faire de la photo, ce moment où un ressenti devient une idée, puis une œuvre, est quelque chose que je ne troquerai pour rien au monde.
Ensuite, pourquoi m’être orienté vers un registre Fusion Trap Métal ? Parce que ce style est un terrain d’expression qui me permet d’extérioriser des émotions extrêmes, ces sentiments profonds qui me rendent parfois asocial, incapable de les contenir ou de les filtrer. Dans cette fusion, je peux combiner violence et tristesse, ajouter des messages politiques, faire cohabiter l’agressivité et la mélancolie, tout en exploitant un mode de composition compatible avec ma vie itinérante, constamment entre deux avions (je suis conseiller / chercheur pour une organisation internationale relative aux questions de défense). C’est cette liberté créative, cette possibilité de canaliser mes pulsions, qui fait de la Fusion Trap Métal mon langage idéal (j’ai un autre groupe de rap-rock progressif afin d’exprimer des émotions plus nuancées).
Explique-nous ta façon de composer ainsi que l’écriture des textes ? Parle-nous également des Beatmakers qui viennent du monde entier et comment en es-tu venu à travailler avec et les raisons ?
Ma méthode de composition est très différente de celle d’un groupe classique. D’abord, je pars toujours d’un concept global : un monde imaginaire, une idée forte. Sur le dernier EP, je pars de l’idée développée par un philosophe anarchiste russe du 19ème nommé “Bakounine” et qui a théorisé le besoin de passer par une révolution violente pour induire des changements structurels dans une société. Sur cette idée de base j’ai exploré un univers futuriste post-apocalyptique ou la narration se concentre sur un personnage « contre-dystopique » – théorisé par Michael Roth - qui est donc un personnage qui se révolte contre la dystopie et promeut, le cas présent, une révolte anarcho-libertaire.
Une fois le concept défini, j’associe chaque thème à des sonorités spécifiques. Je sais quelles ambiances, quels rythmes je veux, et c’est à ce moment-là que je recherche des beatmakers aux quatre coins du monde (Etats-Unis, Russie, Maroc, France…). C’est incroyablement chronophage car trouver le son parfait est terriblement complexe et aléatoire. Une fois trouvé la base instrumentale, je récupère les stems (les pistes séparées) et je me lance dans une sorte de « sprint créatif ».
Concrètement, je m’enferme dans « mon studio » (aka mon salon) et je crée et enregistre la chanson en une journée. Tout se fait sur l’instant. J’échange par messages avec mon partenaire musical (MAD) et mon ingé son (Torpeur) à distance, on ajuste la structure en temps réel et j’enregistre le tout. L’écriture du texte, le placement de la voix, tout se décide sur le vif. Cette urgence reflète l’état mental extrême que j’essaie de transmettre. Si, à la fin de la journée, le morceau ne me paraît pas assez intense ou sincère, je laisse tomber et passe à autre chose. Pour moi, il faut que la création soit un moment de tension, de violence et de précipitation, pour coller à l’univers contre-dystopique que je veux dépeindre.
Quels sont tes premiers retours pour ton deuxième album « Bakounine » et prépares-tu déjà la suite ?
Franchement, les retours sur « Bakounine » me bluffent encore. Il faut comprendre qu’au départ, il y a 3 ans, je suis revenu à la musique sans aucune ambition. Après quinze années de carrière dans des régions instables et après avoir subi une grosse dégradation de ma santé mentale, surtout après le départ de ma mère et mon divorce, mes premiers enregistrements n’étaient censés être que quelques morceaux pour évacuer ma douleur, rien de plus. Et 3 ans après, je me retrouve signé chez M & O, avec au mastering un gars qui a bossé avec Gojira, un truc que je n’aurais jamais osé rêver. Tout ce qui arrive est de l’absolu bonus et donc même si la grande majorité des critiques sont très positives, celles qui sont dures me sont très utiles et m’ont fait comprendre que je dois encore mieux assumer le côté hybride de mon son et mettre plus en avant mes textes.
Du coup, je planche déjà sur la suite : un triple EP qui incarnerait la suite de la dystopie avec la réorganisation politique en oligarchie. Je veux séparer nettement les choses cette fois-ci : un EP électro pour la vision froide des élites, un EP rap pour la voix du lumpenprolétariat (les plus exclus) et un EP métal pour la révolte. L’idée est de pousser chaque univers beaucoup plus loin, de monter les potards à fond, tout en simplifiant l’écoute, en donnant aux gens des repères plus clairs. Et en prime, je suis en discussion avec des musiciens de chaque scène pour apporter encore plus d’authenticité et de richesse à ce projet. En gros, tout est bonus, je prends un max de plaisir et j’espère vous surprendre encore.
Le 4 octobre dernier, tu donnais un concert à l’Olympic Café à Paris. Tout d’abord, quels sont les titres que tu as joués et pourquoi ce choix ? Ensuite, comment le concert s’est-il déroulé et comment a été l’accueil du public ? Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ta première partie, Victor Samsa ?
J’ai choisi l’Olympic Café parce qu’il est en pleine Goutte d’Or, un quartier historique où les mouvements anarchistes français ont émergé. J’aime cet endroit interculturel, et c’est là que je vis quand je suis à Paris (sinon, je suis entre deux avions, souvent à Naples). Le set reprenait la plupart des morceaux de mon second EP, plus trois « singles » du premier et son intro. Je me suis moins focalisé sur l’ordre narratif, préférant mettre l’accent sur le mélange des genres, ce qui, seul sur scène, était un sacré défi. Une fois les pistes lancées, je n’ai plus la main, je dois donc connaître chaque seconde du show par cœur, y compris les moments de silence et les transitions. C’était un pur bonheur de retrouver la scène, elle m’avait terriblement manqué. Ayant vécu plus de 15 ans sur d’autres continents, cela faisait 20 ans que je n'étais pas monté sur scène en occident.
Le public, à l’image du lieu, était hyper varié et très réceptif, au point d’exiger un rappel auquel je ne m’attendais pas du tout. Quant à Victor Samsa, en première partie, c’est un ami qui incarne parfaitement ce que je cherche : un artiste capable de fusionner électro, rap et metal. Il a déjà défendu ces styles en tant que chanteur, et sur scène, son set était ultra habité. J’ai adoré son énergie, qui a parfaitement préparé le terrain pour mon propre univers.
Sur une de tes publications, j’ai pu voir que BABYLON PRESSION est un groupe de ton enfance que tu apprécies, du coup, qu’as-tu pensé de leur dernier EP « Rock Warrior » ?
Babylon Pression est l’un des tout premiers groupes que j’ai vu sur scène, à Aix en Provence, à l’époque de leur premier EP, quand ils avaient encore deux chanteurs. Déjà à ce moment-là, leur énergie brute m’avait scotché et leurs textes également (je me rappelle encore leur refrain incroyable “personne n’aime personne” du premier album). Leur dernier EP « Rock Warrior » m’a clairement rappelé cette vibe nihiliste punk qui les caractérise désormais, et je trouve qu’ils restent l’un des groupes les plus sous-cotés de la scène métal française. Je rêve de jouer avec eux.
Cette question me donne aussi l’occasion de rappeler l’importance du collectif Coriace, trop souvent oublié alors qu’il a mis non seulement mis en lumière Babylon Pression, mais aussi permis l’éclosion d’ETHS, de TRIPOD, et offert le seul et unique album, pourtant fou, de Fis(ch)er INSTABLE (folie furieuse encore aujourd’hui). Le travail de Coriace a marqué le métal du Sud de la France, et on peut encore en ressentir les effets aujourd’hui chez des groupes comme Landmvrks…
Malheureusement leur concert, qui devait avoir lieu dans la salle parisienne « Le Cirque Électrique », a été annulé. Tu as sûrement été déçu ! Pourquoi c’est ta salle préférée de Paris ?
Le Cirque Électrique est un endroit vraiment à part, un lieu inclusif et libérateur. Quand je suis arrivé à Paris dans les années 2000 pour mes études, ma bisexualité était une facette de moi que je gardais cachée, surtout au sein de certaines scènes musicales où j’étais condamné à surjouer la masculinité pour ma sécurité. C’était lourd à porter. En découvrant la communauté LGBT parisienne, j’ai enfin trouvé une vraie liberté, des partenaires – hommes et femmes – qui m’acceptaient comme j’étais. Mais musicalement, ce n’était pas encore ça.
C’est là que le Cirque Électrique a fait tilt : un espace où je pouvais être moi-même, assumer pleinement mon identité, et en même temps profiter de sonorités qui me correspondaient. Ce concert annulé, c’est un coup dur, parce que les voir là-bas aurait été comme une réconciliation entre mon passé compliqué dans le Sud et ma réalité actuelle, plus ouverte, plus sincère. Mais ce n’est que partie remise. J’y reviendrai, plus déterminé que jamais. En espérant pouvoir aussi jouer dans cette salle mythique.
Comment es-tu venu à travailler avec le label M & O Music ?
La rencontre avec M & O Music a été étonnamment fluide. Après la sortie de mon premier EP, plusieurs structures m’avaient approché, mais je ne me sentais pas légitime. Je venais de revenir d’une longue expatriation de 15 ans, avec à mon actif un album de reggae produit en Afrique, ce qui n’a rien à voir avec le son actuel. Mon musicien m’a littéralement engueulé pour que je réponde aux labels intéressés, et M & O a tout de suite montré une motivation sans faille. Ils ont été ouverts, non seulement à mon univers musical hybride, mais aussi à mon identité bi et libertine, et à mes textes très engagés. Franchement, c’est énorme pour moi, car je sais que les paroles peuvent parfois faire peur à certains. Le soutien de M & O a dépassé toutes mes attentes, et je leur suis sincèrement reconnaissant.
Il y a 10 ans, tu étais en Guyane pour t’occuper du développement économique et industriel local, et tu y es resté 3 ans. Peux-tu nous dire ce que tu as retenu de cette expérience sachant que tu as adoré le territoire ?
J’étais déjà conseiller diplomatique, spécialisé en économie et développement, avec pas mal d’expériences en Afrique et en Amérique latine, mais je tenais absolument à avoir un contact plus direct avec le terrain. C’est comme ça que j’ai décidé de partir en Guyane, où j’ai passé trois ans à travailler sur le développement économique et agricole. Sur place, j’ai été bouleversé par la diversité humaine et culturelle. On y croise des Amérindiens, d’anciens bagnards, des Brésiliens, tous cohabitant et construisant ensemble. Cette complexité est précisément ce que j’adore, ce mélange improbable de trajectoires, de langues, de traditions.
En plus, ça fait maintenant près de 18 ans que je ne vis plus vraiment en France, et la Guyane a été un choc positif, un véritable électrochoc culturel et humain. Et je ne peux pas parler de la Guyane sans saluer l’équipe de basket de Cayenne, l’Asc Tours, avec qui j’ai eu l’honneur d’être champion de Guyane. Cette aventure sportive a renforcé encore plus mon attachement à la région, ses gens, sa richesse.
Cette expérience, elle m’a ouvert les yeux sur la complexité du monde, et m’a donné une certaine humilité. Elle m’accompagne encore aujourd’hui dans tout ce que je fais, y compris la musique, parce que ça m’a appris à écouter et à respecter les différences.
Tu es modèle photo, comment l’es-tu devenu ? Quels styles sont abordés et pour quelle utilisation ?
Ça s’est fait par une suite de hasard et de nécessité. Ça a commencé à 17 ans alors que je jouais au basket en national à Aix-en-Provence, et on m’a repéré sur le terrain. Au départ, ce n’était qu’une petite activité d’appoint, mais quand je suis arrivé à Paris, les besoins financiers liés à mes études en grande école ont augmenté. J’ai donc développé cette activité, posant souvent dans des styles alternatifs et même dans l’art porn, ce qui m’a permis de payer mes études.
Aujourd’hui, j’y reviens de temps en temps avec ma compagne, quand elle le souhaite surtout. Cette expérience en tant que modèle a clairement influencé l’esthétique de mon projet musical : plus d’audace, d’intimité, une liberté visuelle et conceptuelle plus assumée, qui transparaît dans mes textes et mes visuels.
Ainsi, j’aime l’idée de raconter une histoire avec une image. C’est un autre médium, un autre langage. Être modèle, c’est un peu comme être un personnage silencieux d’un récit visuel.
As-tu d’autres activités professionnelles et personnelles en dehors du milieu de la musique et des points cités ci-dessus ? Peux-tu nous en parler ?
En dehors de la musique et de mes autres projets, je suis avant tout conseiller diplomatique et chercheur pour une organisation internationale spécialisée dans les questions de défense. J’ai travaillé au Quai d’Orsay, en tant que conseiller diplomatique focalisé sur les conflits en Afrique subsaharienne. Cette activité constitue l’essentiel de mes revenus et occupe une grande partie de mon temps. C’est également une source d’inspiration : les réalités géopolitiques, les tensions internationales, tout ce que je vis au quotidien sur le terrain imprègne forcément mon univers artistique. Cette année, je réalise que j’ai passé plus d’années à l’étranger qu’en France, un fait qui reflète bien la dimension résolument internationale de ma vie. De surcroit, je poursuis un doctorat et je pratique beaucoup de sport, ça m’aide à canaliser l’énergie.
J’aimerais connaître ton avis sur le plan personnel et professionnel concernant l’IA ?
Sur le plan personnel, l’IA est devenue un outil incontournable dans mon quotidien. Elle me permet de gagner un temps précieux dans mes recherches, par exemple en résumant efficacement des articles pour mon doctorat, ou en me fournissant rapidement des informations pertinentes. Grâce à elle, je suis moins prisonnier de la lecture fastidieuse et plus libre de réfléchir, de conceptualiser, de creuser les sujets qui m’importent réellement. En somme, c’est un véritable accélérateur intellectuel, un compagnon silencieux qui m’aide à naviguer dans l’océan de connaissances disponibles aujourd’hui. Professionnellement, l’IA m’offre un avantage similaire, en démultipliant mes capacités d’analyse. Dans mon rôle de conseiller et de chercheur, j’ai souvent besoin de traiter d’immenses quantités de données complexes. Indirectement, cela me libère aussi du temps pour mes activités artistiques, assurant un meilleur équilibre entre mes différentes facettes professionnelles et personnelles.
Sur le plan artistique, toutefois, mon approche est plus nuancée. Je reste réticent à intégrer l’IA dans ma création. Non pas par méfiance aveugle, mais parce que je n’ai pas encore trouvé la manière de le faire de façon sincère, authentique, et en accord avec les émotions brutes que j’exprime. J’observe pourtant de près les avancées technologiques, je teste les nouvelles approches, j’imagine ce que cela pourrait apporter, mais je n’ai pas encore franchi le pas. Je n’exclus rien pour l’avenir, et si un jour l’IA devient un instrument à part entière dans ma musique, je ne le cacherai pas. La transparence est essentielle. En attendant, je préfère laisser mes émotions, mes intuitions et ma voix humaine guider mon art.
Dernière question, as-tu quelque chose à ajouter, à clarifier ou un message à faire passer ?
Je tiens à remercier chaleureusement ODYMETAL et Monkeymetal pour cette interview. Elle compte énormément pour moi, car mon art occupe une place centrale dans ma vie, malgré les sacrifices personnels, professionnels et financiers qu’il exige. Vos questions m’ont permis d’exprimer plus en profondeur ce qui m’anime, ce qui motive mes choix.
Je tiens également à saluer toutes les cultures alternatives qui m’ont soutenu, consciemment ou non, durant mon adolescence et mes années de formation. Sans elles, je ne serais jamais parvenu à développer ma sensibilité, mon univers, ni ce désir d’explorer sans cesse de nouveaux horizons. Soyons fiers d’être différents. C’est dans cette différence que notre culture se renforce, s’affine et trouve sa voix.
Et surtout, n’oublions pas : La musique, c’est bien, le metal, c’est mieux.
Léo Amar (Léo Photos)
KRACK
KRACK
« Bakounine »
Cd promo 11 titres (28’25’’)
Fusion Trap Metal – France - sortie le 04.10.2024
M & O MUSIC / M & O OFFICE
Chronique le 13.09.2024
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