Interview de ANTECHAOS
par MONKEYMETAL aka Troll / ODYMETAL
Réponses du 03.02.2025 de Nicolas Pélissier (guitares et claviers) et de Laurent Fabisz (chant)
Photos fournies par ANTECHAOS
Photos 1 à 5 et 7 de Lionel Thiriat et Kat P Photography
Photo 6 de David Kreb

Parlez-nous de votre jeunesse. Quand et comment êtes-vous venus à la musique ? Avec quels artistes ou groupes cela s'est-il fait ?
Laurent : Mes parents m’ont toujours encouragé depuis mon plus jeune âge. J’ai commencé par faire du conservatoire à l’âge de 9 ans, avec du solfège et de la flûte à bec qui était obligatoire à l’époque… J’ai arrêté 3 ans plus tard pour privilégier le football. A l’âge de 16 ans, un cousin de ma famille faisait de la batterie. Mon père m’a acheté une guitare et c’est à partir de ce moment-là que j’ai vraiment commencé à faire de la musique en groupe et répéter toutes les semaines. J’ai toujours écouté du hard rock, mon père m’ayant fait découvrir Deep Purple très jeune.
Nico : J’ai toujours baigné dans la musique avec un papa musicien autodidacte et mes parents m’ont inscrit à des cours de piano lorsque j’avais une dizaine d’années. Le côté assez conventionnel des séances ne me convenant pas trop, j’ai arrêté pour me mettre à la guitare à l’adolescence. De fil en aiguille, j’ai composé mon premier album instrumental à 18 ans et depuis je ne me suis plus arrêté lol.

Nicolas Pélissier

Laurent Fabisz

Quels conseils donneriez-vous pour ceux qui aimeraient apprendre à jouer de la guitare et ceux qui aimeraient chanter ?
Laurent : Je dirais qu’il ne faut pas avoir peur de commencer. Prendre des cours de chant au moins quelques mois pour avoir les bases et apprendre à chanter avec le ventre, et faire des vocalises tous les jours. Jouer en groupe est vraiment un bon apprentissage pour écouter les autres musiciens jouer, et bien placer sa voix.
Nico : Je pense qu’actuellement, il y a tellement de ressources et de plateformes que l’on peut tranquillement se lancer quel que soit son niveau ou son oreille musicale. Je conseille également de travailler en groupe, on progresse énormément au contact d’autres musiciens.

Christophe Billon-Laroute

Maxime Boriolo

Tout en présentant les membres du groupe, pourriez-vous également nous préciser quelles sont les activités personnelles et professionnelles de chacun, en dehors de ANTECHAOS ?
Laurent : Dans le groupe, nous avons donc Nicolas Pélissier, guitariste, qui est prof d’E.P.S. Mo Rondelli, le batteur est prof d’éducation musicale. Maxime Boriolo, guitariste, est adjoint technique municipal. Christophe Billon-Laroute, le bassiste est déménageur. Je suis chanteur et Responsable d’Espace Commercial.

Christophe Billon-Laroute, Laurent Fabisz, Nicolas Pélissier
Maxime Boriolo, Mo Rondelli,
Quel bilan tirez-vous concernant le premier album « Apocalypse » au niveau des ventes, des retours et de l’accueil qu’il a eu ? Êtes-vous satisfaits, surpris, déçus ?
Laurent : « Apocalypse » a été très bien accueilli par le public. Nous avons écoulé notre premier pressage et avons dû rapidement refaire du stock. Nous avons été très surpris que les retours et les chroniques soient aussi positifs pour un premier album, où nous avons réellement débuté notre processus de création avec Nico. La plus grande surprise est qu’Antechaos ait plu à un public très large, qui a tout de suite accroché avec les paroles et les messages que nous avons voulu passer, l’univers que nous avons voulu développer.
Même question pour votre second album « Dystopies » malgré que cela soit récent ?
Laurent : Pour « Dystopies », avec Nico, nous avons vraiment trouvé notre rythme de croisière en termes de création. Nous nous connaissons beaucoup mieux et nous savons maintenant comment nous motiver mutuellement pour donner le meilleur de notre potentiel. Au-delà de ça, une vraie amitié est née entre tous les membres du groupe. Même la famille fait partie de notre équipe. Les chroniques ont été nombreuses et unanimes sur le fait que c’est un pas de géant qui a été franchi par le groupe qui a trouvé sa propre identité.
Antechaos semble avoir une identité propre que l’on ne peut insérer dans aucune case.
Une personne souhaite découvrir ANTECHAOS et son univers. Vous ne pouvez choisir que deux titres, un de chaque album ? Lesquels choisiriez-vous et pourquoi cela ? Et comment qualifiez-vous votre musique ?
Laurent : Pour le premier album, je choisirais « Le bord du monde » Pour le second album, je dirais « Les vertueux ». Ce sont des titres qui peuvent plaire au plus grand nombre et qui sont une bonne porte d’entrée pour découvrir le groupe, tant par l’aspect mélodique du chant et de la musique que par les paroles entêtantes et profondes. Notre musique est fédératrice et peut plaire à tous les publics. A chaque concert, nous rencontrons des personnes qui n’écoutent pas du rock, mais qui ont été touchées par nos paroles et la qualité de notre prestation scénique.
Nico : Je pense qu’ « Alpha » permet de faire le trait d’union entre les deux albums, ce côté mélodique du refrain hérité du hard rock passé et cette puissance du rock-metal moderne. De la même manière, « In Vivo » combine les deux facettes de notre personnalité musicale en gardant la mélodie omniprésente.
La version Cd de l’album « Dystopies » contient 13 titres, cependant la version vinyle ne compte que 11 titres. Deux titres manquent à l’appel « Héros » et « Delta Zone A ». Expliquez-nous les raisons qui font que ceux-là sont absents de la version vinyle ? Pourquoi ne pas avoir sorti un double vinyle avec des titres inédits live par exemple ? Pourquoi votre choix s’est arrêté sur une édition limitée à 100 exemplaires et de couleur turquoise ?
Laurent : Malheureusement, il a fallu faire un choix difficile. C’est la première fois que nous sortions un vinyle, et nous ne savions pas quel en serait l’impact pour le public. Pour des raisons de coût, nous avons fait un test avec cette première version. Le résultat a dépassé toutes nos attentes. Nous sommes également un groupe qui n’en est qu’à ses débuts, et nous apprenons à chaque fois que nous sortons une actualité (CD, clips vidéo etc…). La couleur turquoise est très originale. Personnellement, je ne savais même pas que ça existait. Nous sommes partis sur cette couleur parce qu’on a trouvé ça fun et décalé.
Vous avez réalisé un clip vidéo sur lequel on retrouvera l’univers de GTA. Je suppose qu’il y a des fans du jeu dans le groupe. Comment en êtes-vous venus à valider et partir sur cette idée ? Pourquoi avoir choisi le titre « Métavers » ?
Laurent : Axel Billon de 3F Production (NDLR : Le fils de notre bassiste) réalise nos clips depuis le début du groupe. A chaque nouveau projet, il progresse dans la réalisation vidéo et les effets spéciaux. « Métavers » est une chanson qui raconte l’histoire d’un geek ultime, adepte de jeux vidéo en ligne, sans vie sociale, sans but particulier qui va redécouvrir une vie sociale réelle en se rendant à un concert… d’Antechaos !!! Ce type de personnage malheureusement contemporain est souvent addict aux jeux collaboratifs en ligne. La possibilité de nous fondre en personnages héros de jeux vidéo nous a beaucoup amusés. Nous sommes donc partis en héros de GTA, sauf que nos personnages sauvent des gens au lieu de les estropier mdrrr !!!
Toujours au sujet du clip, parlez-nous de la conception, des contraintes et des difficultés que vous avez rencontrées pour le réaliser ? Mais également des investissements personnels et financiers que cela a demandés ?
Laurent : Le scénario part souvent d’une idée de l’un des musiciens. On discute ensuite tous ensemble, puis l’un d’entre nous, ou collectivement nous concevons le story-board et le timing. Nous soumettons l’idée à Axel, le réalisateur, qui donne également son avis sur la faisabilité et l’investissement nécessaire. Une fois que cette étape est passée, nous choisissons les lieux de tournage, les accessoires, la date, les autorisations si elles sont nécessaires, et les appels aux figurants si besoin. C’est une vraie tambouille familiale, et on rigole vraiment beaucoup pendant les tournages.
Pour ce qui est des investissements, ça nous prend pas mal de temps, mais nous sommes de vrais passionnés. Nous prenons vraiment du plaisir dans ce processus de conception.
Pour ce qui est des investissements financiers, nous utilisons les fonds du groupe issus des ventes d’album et de merchandising, et nous mettons également la main à la poche quand c’est nécessaire.

Personnellement et professionnellement, quel avis avez-vous sur l’IA ?
Laurent : Personnellement, ça peut être une aide utile pour avoir une info rapidement ou un conseil. Ça me fait également très peur, car les machines sont maintenant capables d’écrire de la musique en imitant parfaitement de vrais musiciens. On n’arrive plus à faire la différence entre la musique authentique créée par de vraies personnes et celle créée par une IA.
Nico : Je pense qu’elle est à utiliser avec un maximum de garde-fou, surtout dans les domaines artistiques, où l’on ne remplacera jamais la créativité humaine. Malheureusement, elle se répand car il est beaucoup moins coûteux pour un groupe d’avoir recours à cette technologie que de payer un artiste.
Parlons de SEYMINHOL qui a cessé son activité fin 2019, quelles en sont les raisons et pourquoi ?
Nico : Je pense que la raison principale était la lassitude… nous avons sorti pas mal de bons albums, très bien accueillis mais ne pouvions pas les défendre correctement sur scène (faute de disponibilités, d’opportunités ou autre).
Es-tu toujours en contact et en bons termes avec tous les membres et ex-membres qui ont participé au groupe ?
Nico : Oui tout à fait. Bon avec Chris, tu te doutes que c’est facile mdr. Avec Kévin, on s’envoie un message de temps à autre. Julien, le batteur “historique” jouait avec nous dans Antechaos, il n’y a pas si longtemps que ça.
A ce jour, est-il possible que SEYMINHOL revienne sur le devant de la scène ?
Nico : Non, je ne pense pas. Ressurgiraient les mêmes difficultés et les mêmes obstacles.
Est-il possible que dans l’avenir, certains musiciens de SEYMINHOL puissent faire des apparitions en tant qu’invités sur le prochain ANTECHAOS ou lors de concerts ?
Nico : On va dire que ça a déjà été le cas puisque pour les concerts donnés à l’occasion de l’album “Apocalypse”, Chris, Julien et moi étions réunis sur scène :) Je pense que Kévin est passé à autre chose.
Envisages-tu de reprendre ou même de réarranger des titres de SEYMINHOL à la sauce ANTECHAOS ?
Nico : Pas du tout. Je ne dis pas que je ne composerai plus d’album de metal prog mais je n’aime pas particulièrement faire du neuf avec du vieux (sauf quand il s’agit de reprises à moderniser ;) ). Je pense que pour moi, l’ère Seyminhol est derrière moi.
Parlons de KRYZEES. Tu as quitté le groupe. Que s’est- il passé ? As-tu gardé contact avec eux ?
Laurent : J’ai quitté en effet le groupe en 2019. Nous n’avions plus les mêmes attentes sur ce que devait être KRYZEES. A titre personnel, je ne trouvais plus la motivation à écrire toutes les chansons, ce que j’ai toujours fait. J’avais l’impression de tirer tout seul le groupe pour qu’il se développe. Et en toute honnêteté, j’avais certainement besoin d’autre chose. Je l’ai trouvé avec Nico, avec qui j’ai vraiment le sentiment de créer ensemble. De ne plus être seul à vouloir que le groupe soit parmi les meilleurs. Je n’ai plus vraiment de contact. On se voit et on se croise à certaines occasions. On a tous pris des chemins différents, et on a tous des agendas de ministre. Je leur souhaite toute la réussite possible à travers leurs nouveaux projets, et je garde un très bon souvenir de nos aventures passées.
Est-il possible que par la suite, certains d’entre eux puissent faire des apparitions en tant qu’invités sur le prochain ANTECHAOS ou lors de concerts ?
Laurent : Nous avons failli faire un concert le 8 février 2025 au Luxembourg. J’avais soumis l’idée que les anciens musiciens de KRYZEES fassent quelques chansons ensemble à la fin du concert pour marquer le coup. Le concert n’a pas pu se faire, mais ce type d’événement serait vraiment sympa à faire.
Je vais faire appel à tes souvenirs. Tu as été l’heureux gagnant et chanceux du concours organisé par METALLIAN en 2017 et désigné par SABATON. Je suppose que tu as gardé un souvenir inoubliable ! Dans quelles conditions t’es-tu préparé et travaillé le titre « Swedish Pagans » pour participer à ce concours ?
Laurent : Et oui, ça reste un souvenir mémorable d’avoir pu vivre ça. Tout s’est passé très vite. Avec KRYZEES, nous avons fait la première partie de NIGHTMARE, où Yves CAMPION (METALLIAN), leur bassiste m’a repéré. Il m’a donné le magazine avec le CD du concours et m’a demandé si ça m’intéressait de participer. Le lendemain matin, j’ai tout de suite enregistré la vidéo et je l’ai envoyée. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir tellement j’étais motivé à l’idée de fouler la main stage. Ma plus grande motivation maintenant, c’est d’y retourner avec mon propre groupe, et je suis convaincu que ça arrivera bientôt.
SABATON - Live at Hellfest 2017
32:00 : arrivée sur scène gagnant concours METALLIAN
32:28 « Swedish Pagans »
Raconte-nous tes réactions lorsque tu as su que tu étais le gagnant ?
Laurent : J’avais le sourire jusqu’aux oreilles. J’ai attendu 3 longues semaines avant d’avoir la réponse par mail. Je me suis dit qu’il y avait eu énormément de candidats, et que mes chances étaient infimes. Après l’avoir su, j’ai dû chanter « Swedish Pagens » au moins 3 fois par jour pour être sûr d’être prêt le jour J. Jusqu’à la dernière seconde, j’ai eu la frousse d’oublier les paroles.
Quel a été le comportement de SABATON à ton égard ? As-tu gardé contact avec eux ? Aimerais-tu faire quelque chose avec un ou plusieurs membres de SABATON ou encore même de les avoir comme invités sur ANTECHAOS ou sur un autre projet ?
Laurent : J’ai pu profiter pleinement de la journée du vendredi (jour de passage du groupe sur la mainstage du Hellfest) jusqu’à à peu près 16H00. Ensuite, j’ai rejoint le groupe en backstage. J’ai pu passer au moins 2h avec le groupe, qui est vraiment très sympathique et très simple. J’ai pu discuter avec eux de tout et de rien. J’en ai profité pour leur laisser une clé USB des chansons de KRYZEES.
J’ai essayé d’écrire à Pär Sundström, le bassiste, à plusieurs reprises pour lui proposer une rencontre lors de leurs concerts près de chez moi, mais il ne m’a pas répondu… Mais j’essaie à nouveau à chaque fois. J’avoue que je ne me suis pas servi de cette aventure pour continuer à être dans la lumière et développer mes projets. Au niveau local, ça m’a permis de me rendre visible et reconnu par certains pros de la musique. Ça m’a permis aussi de me dire que j’avais la crédibilité de travailler avec de très bons musiciens, et qu’il était temps de prendre les choses en main pour aller plus haut.
Vous avez repris le titre « Désenchantés » de Mylène Farmer et tourné un clip. Pourquoi ce choix ?
Laurent : Ce choix de chanson est marqué par la signification du titre, qui marchait bien avec l’ambiance de notre album « Apocalypse ». Nico se sentait de faire une adaptation musicale, et mon timbre de voix la rendait possible. On a fait quelques essais, et ça nous a paru opportun de l’enregistrer et d’en faire un clip vidéo.
Envisagez-vous par la suite de faire d’autres reprises, si oui, de qui et quels titres ? Peut-être SABATON ? Si non, pourquoi ?
Laurent : Nous aimons beaucoup prendre des chansons qui sont issues d’un style différent et de les réadapter à notre sauce. Le fait de faire des chansons qui sont déjà rock ne produisent pas beaucoup d’originalité, et n’ouvrent pas notre groupe au plus grand nombre. Nous souhaitons vraiment qu’Antechaos soit reconnu dans la sphère Rock / Métal, mais aussi par le public le plus large possible. C’est ce que nous sommes en train de réussir.
Nico : L’idée est de se challenger sur un titre qui n’est à priori pas taillé pour le rock et de surprendre nos auditeurs.
Auriez-vous quelques anecdotes positives ou négatives à nous raconter qui vous ont marquées ?
Laurent : Nous rigolons beaucoup entre nous. Nous avons tous un parcours de vie différent, et pour certains, nous avons déjà eu plusieurs vies en une seule. On plaisante assez régulièrement, et en toute bienveillance les uns avec les autres. Nous sommes une grande famille, et c’est ce qui fait en partie notre force.
Nico : Antechaos est un groupe assez atypique tant au niveau de nos influences musicales que de nos idées politiques, sociales… Il y a pas mal de débats, d’échanges, de disputes mais comme l’a souligné Laurent, de la bonne humeur.
Avez-vous quelque chose à ajouter, à clarifier et/ou faire passer un message ?
Laurent : Nous te remercions pour cette opportunité d’interview, et nous remercions les lecteurs d’avoir pris le temps de nous découvrir. Vous ne le regretterez pas !
Nico : Merci beaucoup Laurent pour ton soutien depuis toutes ces années. J’encourage toujours les amateurs de musique à se déplacer pour aller voir les groupes locaux, à leur donner de la visibilité. Tout ne s’achète pas ;)
Information du 26 févier 2025 : ANTECHAOS cherche un nouveau batteur. Consultez la page facebook du groupe : https://www.facebook.com/Antechaos
Nicolas Pélissier
Laurent Fabisz
ANTECHAOS

ANTECHAOS
« Apocalypse »
12 titres (54’16’’)
Hard Rock Mélodique – France – disponible, sorti le 15.04.2022
INDEPENDANT / M & O MUSIC
Chronique le 13.08.2022
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