Interview de Loïc Descotte
ALL WE LEAVE BEHIND (guitare et chant) / HARDIN / DABULA
par MONKEYMETAL aka Troll / ODYMETAL
le 05 février 2025.
Photos fournies par Loïc Descotte.




Parle-nous de ton enfance et comment es-tu venu à la musique ? Parle-nous également de tes goûts musicaux ? Aurais tu des albums, tous styles confondus, qui t’ont marqué et pourquoi ?
Quand j’étais enfant mes parents écoutaient un peu de musique mais pas autant je le fais aujourd’hui. Au collège j’écoutais les CD que mes potes me prêtaient les trucs à la mode du moment, notamment du Nirvana, The Offspring (période Smash)... mais la passion a réellement démarré lorsque je suis tombé dans le metal en arrivant au lycée.
J’ai eu un premier contact metal à cette période avec Sepultura car une partie du morceau Refuse / Resist était utilisé en intro de VHS d’animés japonais à l’époque (la collection Manga Video), puis avec Enter Sandman de Metallica, que j’ai tout de suite trouvé super cool.
Mais mon premier vrai coup de coeur a été avec Iron maiden quand je suis arrivé en seconde dans les années 90 (ce qui donne un petit indice sur mon âge). Ensuite je n’ai plus arrêté… j’avais un pote qui avait une tonne de CD grâce à son cousin qui travaillait à la Fnac. Il m’a fait énormément de copies cassettes à cette époque et j’ai pu découvrir plein de groupes et de styles grâce à lui. C’est marrant car j’ai croisé le fameux cousin de mon pote de lycée récemment à un concert qu’il donnait avec son groupe, et il ne se doute pas de l’influence qu’il a pu avoir sur moi.
Le premier album que j’ai écouté en boucle et qui a changé ma vision de la musique est Scenes From a Memory de Dream Theater. Ensuite je suis tombé dans le prog en général et en particulier dans Opeth et Porcupine Tree. Un des summums de ce style de musique est pour moi l’album Hand.Cannot.Erase. de Steven Wilson.
D’un point de vue compo j’ai toujours tendu naturellement à composer des titres lents et lourds. Même avant de découvrir le doom c’était un truc naturel chez moi. Par exemple, mon album préféré d’Opeth est Deliverance qui est le plus sombre et lourd, même si il est assez rarement cité comme un album préféré par les fans du groupe. Je suis donc ensuite tombé assez logiquement amoureux de Black Sabbath en remontant dans l’histoire du metal. C’est maintenant mon groupe préféré “de tous les temps”, surtout la période 70’s.
Ensuite j’adore les ambiances qu’on peut trouver chez Type O Negative, Candlemass, sur le premier album de Ghost (je précise que j’aime toutes les périodes du groupe même si on sort du doom par la suite)…
Parle-nous de ton matériel. Tu utilises notamment une guitare 7 cordes, pourquoi et quels sont les intérêts ? Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite acquérir une guitare 7 cordes ?
Pour notre style de musique nous utilisons un accordage très bas, idéal pour le doom. Avoir une 7ème corde est donc idéal pour moi, il est possible d’utiliser des guitares baryton mais un des avantages des 7 cordes est de pouvoir avoir une guitare 6 cordes “normale” en accordage classique si on ignore la 7ème : J’utilise la corde de A en drop (accordée un ton plus bas) et le reste des cordes est en accordage standard. En plus comme j’ai des petites mains c’est compliqué pour moi d’utiliser des guitares baryton qui ont des frettes plus espacées. Le seul conseil que je pourrais donner est de bien essayer le modèle qui vous intéresse avant d’acheter un modèle de 7 cordes, comme le manche est plus large il faut trouver une guitare confortable avec laquelle on se sente à l’aise. Pour le reste, avec AWLB j’utilise des pédales analogiques en live et un ampli Laney Invective.
Pour Dabula et Hardin j’ai tout fait en numérique avec des simulations d’ampli. Avec le recul je pense que le mixage aurait pu être meilleur, je progresse petit à petit et en autodidacte là-dessus, en regardant beaucoup de vidéos sur youtube. Six mois après avoir sorti l’album de Dabula, je sais déjà comment j’aurais pu grossir le son de guitare et la batterie, tout en gardant les mêmes techniques d’enregistrement… Ce sera pour les prochains titres!

ALL WE LEAVE BEHIND
Tu fais partie de trois groupes. Peux-tu nous les présenter en faisant une sorte d’historique biographique pour chacun et en nous expliquant comment s’est fait le choix des noms.
Le titre All We Leave Behind vient du morceau All You Leave Behind de Paradise Lost, qui est une grosse influence du groupe, notamment des deux fondateurs, POG (lead vocaliste/ guitariste) et Olaf, notre précédent batteur.
Ils ont fondé ce groupe en 2018 et je les ai rejoints au printemps 2019 en répondant une annonce, la compo qu’ils avaient mise en ligne m’ayant particulièrement plu. Il s’agissait d’une démo de Tears Of Blood qu’on peut trouver sur notre premier album.
Concernant Hardin, je suis un geek et donc fan de science-fiction, le titre fait référence au personnage Salvor Hardin du livre Fondation de Asimov. Il y a aussi une deuxième interprétation qui relève d'une référence et d’une private joke un peu moins avouable proposée par une de nos deux uniques “fans” au moment où on a décidé de lancer le projet.
Dābura, qui se prononce Dabula en japonais est roi des démons dans Dragon Ball. Je suis également un fan de ce manga et de l’animé depuis tout petit, j’aime également le côté occulte et le folklore autour de l’enfer qu’on trouve dans le métal, rien de très original à ce niveau-là!
Pour Hardin, Laurent (le chanteur) et moi avions déjà nos groupes mais aussi des goûts en commun et l’envie de faire de la musique ensemble, cela s’est donc fait naturellement même si on a pas eu le temps de créer beaucoup de titres (seulement 3 que l’on a mis sur les différentes plateformes numériques). On nous a plusieurs fois comparés à Alice in Chains, même si bizarrement je ne connaissais pas vraiment ce groupe à l’époque. Depuis j’ai écouté et j’adore. Je pense que la comparaison vient du fait de mélanger des riffs lourds avec un côté accrocheur et presque pop dans le chant.

HARDIN : Laurent et Loïc
Que peux-tu nous dire sur les jaquettes de chaque groupe en commençant par ALL WE LEAVE BEHIND.
La pochette du premier album d’AWLB a un rapport avec le titre de l'album qui fait référence au Styx, le fleuve qui mène aux enfers dans la mythologie grecque. La religion, la spiritualité et les métaphores sur l'enfer font partie des thèmes abordés dans les paroles du groupe.
Pour Hardin le son de guitare qui m’a inspiré au début venait des groupes de Stoner comme Kyuss, d’où le côté désert sur le premier single. Pour le deuxième on est parti sur un cimetière simplement car ça collait aux paroles qui parlent de sa propre mort (qui peut être métaphorique) et du bilan qu’on peut faire de sa vie.
Pour Dabula, ma femme me disait qu’elle trouvait le nom bizarre, et que ça lui faisait penser à une sorte de poulpe, c’est donc comme ça que j’ai eu cette idée de pochette.
Ensuite, ce sera au tour de HARDIN en nous expliquant en plus pourquoi le groupe est arrêté alors que la technologie actuelle permet de continuer malgré la distance ? Est-il prévu de le relancer dans l’avenir ?
J’aime ce projet car c’est vraiment différent de ce que je fais habituellement, c’est le projet le plus direct, Laurent me poussant à aller à l'efficacité dans la composition et les riffs.
J'ai vraiment envie qu'on s'y remette car tout ce que chante Laurent sonne directement bien, il a un super timbre très rock. Pour l’instant le manque de temps, la distance qui fait qu’on a moins l’occasion de se croiser et relancer les travaux de composition dont que le projet n’a pas avancé depuis un moment mais je peux déjà annoncer que les dernières discussions avec Laurent vont dans le sens de faire de nouveaux morceaux dans un futur proche!
On termine avec ton nouveau projet solo DABULA qui est sorti uniquement en version numérique. Pourquoi ce choix ? Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de le créer et pour quelles raisons ?
Aujourd'hui il est difficile de vendre des supports physiques. Je pense que le moyen le plus efficace de le faire est d'avoir un stand de merchandising lorsque l'on fait des concerts. Sinon la plupart des gens consomment de la musique en streaming, ou en vinyl mais ceux- ci coûtent cher à faire presser.
Comme je suis seul et ne fais pas de concerts pour ce projet je ne voyais pas beaucoup d'opportunités pour vendre des CD en format physique, cela me semblait plus simple de faire la promo en ligne sur les versions dématérialisées. D’ailleurs grâce à Instagram et à l’ajout de titres dans plusieurs playlist Spotify j’ai pu avoir un nombre d’écoutes correctes sur les plateformes cet été.
Si je voulais faire en sorte que Dabula devienne un vrai groupe avec du live, des répétitions etc. cela me demanderait beaucoup plus de temps que j'en ai actuellement.
Pour ce qui est de l'envie de créer, j'ai fini par accumuler un bon nombre de compos au fil des années, certaines n'étant pas vraiment dans le style d’All We Leave Behind ou Hardin, je les ai gardés dans un coin avec l'espoir de pouvoir les utiliser un jour. Ce projet me permet d'explorer le côté plus atmosphérique ou progressif de mes compos même si le Doom n'est jamais très loin.
Certains morceaux sont d'anciennes compos, dont une qui date de plus de 10 ans. Une autre a été écrite un mois avant que je termine l'enregistrement de l'album. Ce n'est donc pas vraiment un nouveau projet pour moi plutôt la concrétisation et la suite de ce que je fais depuis longtemps.
J’ai eu également envie de faire participer ma femme à ce projet, nous avions déjà travaillé sur des reprise acoustiques ensemble à la maison, et cette fois j’avais envie de la faire chanter sur mes compos. Par manque de temps nous ne l’avons pas fait sur l’album mais elle apparait sur 2 singles que j’ai sortis dans la foulée, dont un original (B. Bike Driver) et une nouvelle version d’un des titres de l’album.
Par la suite j’ai aussi eu la chance d’avoir une contribution du chanteur de Brüle (avec qui nous avons partagé une scène récemment) Arno Bechet, sur un titre (Depressed) que j’ai pu ressortir en single avec ce nouveau refrain. Je suis vraiment content du résultat et je tiens également à le remercier pour ça !
Concernant les membres de ALL WE LEAVE BEHIND, les musiciens ont-ils d’autres activités personnelles et professionnelles en dehors du groupe et lesquelles ?
Nous avons la particularité d'avoir un batteur très jeune, Antoine, 19 ans, qui est également le fils de notre chanteur / guitariste. Il est étudiant en école de commerce. Son père est chef d'entreprise. Jérôme notre bassiste a officié dans beaucoup de groupes de la région grenobloise, par exemple dans That Old Black Magic. Quant à moi, en dehors de la musique je travaille dans le développement logiciel.

ALL WE
LEAVE BEHIND
Quel est ton processus de composition pour l’ensemble des groupes ? Qu’est-ce qui t’inspire ? Quels sont les thèmes que tu préfères et les références dans le genre ?
J’ai un dossier “riffs” sur mon ordinateur (synchronisé sur le cloud pour ne pas les perdre comme Kirk Hammett 😀), quand certains vont bien ensemble ou quand je pense que je peux en développer un pour faire un morceau, je commence à faire des assemblages. Je suis beaucoup plus facilement inspiré pour écrire la musique que les paroles. Pour les paroles je n’ai pas vraiment de thème précis, en général je vais chercher un sujet raccord avec la musique, et vu le genre de musique que je fais ça sera plutôt sombre. Dans Dabula il n’y a pas beaucoup de paroles, côté Hardin c’est Laurent qui les écrit et côté AWLB c’est souvent POG notre chanteur lead qui écrit les paroles, sur les titres que l’on a enregistré pour le moment j’ai dû écrire les paroles de seulement 2 morceaux (Far Away et Falling Deeper, un titre à venir sur le deuxième album). Mes contributions sont principalement autour de la guitare et de la composition plus globalement.
On parle de plus en plus de l’IA et j’aimerais connaître ton avis, qu’est-ce que tu penses de cette technologie ?
Je ne veux pas déléguer l'aspect créatif à une IA. Dans le cadre de mon travail de développeur, si ça peut me faire gagner du temps sur des tâches répétitives qui ne demandent aucune réflexion OK, mais pour la musique ça ne m'intéresse pas car ce qui est intéressant dans la musique c'est de pouvoir s'exprimer. Il existe néanmoins des applications intéressantes : récemment je me suis mis par exemple à utiliser la solution de simulation d’ampli de guitare Génome de Two Notes Audio, qui est basée sur une solution Open Source de machine learning, donc une branche de l’IA, qui a “appris” à générer les réponses sonores de plein d’amplis différents en analysant d’énormes quantités de fichiers audio issus de vrais amplis analogique (analyse du son brut d’entrée + de la sortie de l’ampli).
Quels sont tes projets et actualités à venir dans les prochains mois ?
Au moment où j’écris ces lignes, nous venons de jouer un concert avec AWLB dans la région lyonnaise en compagnie des groupes Brüle et Jagannatha. Un concert à Grenoble le 26 mars, d'autres dates vont arriver mais surtout nous sommes en train d'enregistrer notre deuxième album, pour lequel je suis très enthousiaste !
Pour terminer, je te laisse le mot de la fin. Fais-toi plaisir comme passer un message, parle de choses qui te tiennent à cœur, etc ...
Merci pour cette interview, j’espère ne pas avoir été trop bavard !
Si je dois passer un message ce sera “soutenez la scène locale”! Il y a plein de groupes excellents qui jouent dans les bars ou les petites salles et souvent on y passe un meilleur moment que dans les grosses salles ou les stades ! J’espère que vous serez nombreux à écouter le nouvel album de All We Leave Behind quand il sera disponible. Et soutenez les Webzine comme OdyMetal!
Loïc Descotte
ALL WE LEAVE BEHIND
DABULA

ALL WE LEAVE BEHIND
« Through The Styx And Beyond »
Cd 11 titres (62’59’’). Mini livret avec photo.
Doom Death Goth Metal – France - sortie le 05.05.2023
INDEPENDANT
Chronique le 01.05.2023.
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